2010

Lear

LEAR, cie laura tanner

Une adaptation libre d'après le Roi Lear de William Shakespeare

Chorégraphie et Scénographie Laura Tanner | Danseuses Lucy Nightingale | Deborah Hofstetter | Eclairagiste Michel Faure | Costumière Remedios Rodriguez | Administration Nicholas Palffy | Photographie Roger Chappellu

« Cette oeuvre, nous commençons à la voir, non plus comme un récit, mais comme un poème immense, complexe, cohérent, dont le rôle consiste à étudier la puissance ou la vacuité du rien – les aspects positifs et négatifs que dissimule le néant. Que dit Shakespeare ? Qu’essaie-t-il de nos apprendre ? Veut-il dire que la souffrance a une place nécessaire dans la vie et vaut la peine d’être cultivée pour la connaissance et le développement intérieur qu’elle apporte ? Ou bien veut-il nous faire comprendre que l’époque des titans est révolue et que notre rôle est d’être éternellement jeunes ? »

Peter Brook – L’espace vide – Ecrits sur le théâtre, Paris, Seuil, 1977.

Lear

Un grand rond dans l’eau occupe le centre de la scène. Ses cercles brillent dans la nuit. Une danseuse en fait le tour avec lenteur. La pénombre et un bruit de rivière installent l’atmosphère des premières minutes de Lear, la dernière création de la chorégraphe Laura Tanner.

Ce spectacle réunit deux femmes, Deborah Hofstetter et Lucy Nightingale, deux danseuses auxquelles revient la lourde tâche de faire sentir quelque chose du «Roi Lear» en moins d’une heure trente, et par la danse.

Par le verbe aussi, dans une moindre mesure, grâce à quelques bribes de la tragédie de Shakespeare, dites en anglais et en français par les danseuses. Lucy Nightingale réussit sans peine à évoquer par sa diction impeccable et sa prestance le roi en quête d’une déclaration d’amour de la part de chacune de ses trois filles. Celle de Cordelia le décevra, même si elle seule lui reste fidèle.

Deborah Hofstetter répond pour Cordelia, en français, puis les deux danseuses nous plongent ensemble dans les méandres du drame, à demi-mot et sur la pointe des pieds.

Grâce à la justesse des images et à une musique vibrante et bien dosée, l’attention s’attache à ces séduisantes apparitions nocturnes. La patte de Laura Tanner fait le reste, qui offre ici un admirable concentré de son style.

Benjamin Chaix, La Tribune de Genève, octobre 2010

Production : Compagnie Laura Tanner, avec le soutien de :
Département des Affaires Culturelles de la Ville de Genève, Département de l'Instruction Publique de l'Etat de Genève, Loterie Romande.
Remerciements : Théâtre du Grütli.